VACANCES À FUKUSHIMA
En avril 2019, une équipe de tournage de l’émission scientifique allemande Galileo s’est rendue à Fukushima. Dans leurs bagages se trouvait également un compteur Geiger-Müller DolMo conçu par NUVIA.
Posté le 13/06/2019
CENTRALE NUCLÉAIRE DE FUKUSHIMA DAIICHI
Des villes détruites et une catastrophe nucléaire ne sont pas des conditions idéales pour attirer des touristes. Mais quelques clics rapides sur Google à la recherche d’une visite guidée démontrent le contraire. Le prix de base d’une visite de 4 à 5 heures commence à 40 euros et comprend un trajet en voiture dans la zone restreinte et une vue de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi. En avril 2019, une équipe de tournage de l’émission scientifique allemande Galileo s’est rendue à Fukushima. Dans leurs bagages se trouvait également un compteur Geiger-Müller DolMo conçu par NUVIA.
Pour préparer le voyage à la préfecture de Fukushima, l’équipe du film collecte des informations sur l’exposition possible aux radiations à l’Institut de médecine des rayonnements du Centre Helmholtz, à Munich, en Allemagne : outre les rayonnements de fond omniprésents (par exemple d’environ 0,1 μSv/h à Munich), les membres sont informés d’une exposition accrue dans un aéronef. Pour un vol à destination de Tokyo, ce chiffre serait compris entre 4 et 10 μSv/h, selon l’altitude et l’activité solaire. En plus des radiations externes, l’équipe pourrait également être exposée en raison d’une inhalation ou d’une ingestion durant leur visite dans la zone à accès restreint. À titre de mesure de précaution, l’expert du Centre Helmholtz recommande aux membres de l’équipe de jeter les vêtements portés et de prendre une douche après être entrés dans la zone à accès limité. Une valeur de débit de dose d’alarme de 25 μSv/h est définie sur le DolMo ; les reporters doivent donc éviter les zones dépassant cette limite pendant leur voyage…
Le vol direct depuis la capitale bavaroise conduit les reporters à Tokyo. Après trois heures de voyage, le compteur Geiger-Müller DolMo est mis sous tension pour la première fois. Il affiche une valeur de 5,5 μSv/h, en raison des radiations cosmiques. Ce chiffre équivaut à 55 fois le débit de dose gamma à Munich. Le DolMo restera en service jusqu’à la fin du voyage.
À son arrivée dans la préfecture de Fukushima, l’équipe de tournage passe la première soirée dans un hébergement situé à Minamisōma, à 50 km au nord de la centrale nucléaire. Le débit de dose local est généralement comparable à celui de Munich. La gestion de la radioactivité fait partie de la vie quotidienne des derniers habitants de la ville. Pour eux, les informations relatives à la contamination des produits alimentaires sont aujourd’hui tout aussi naturelles que le sont pour nous les étiquettes de prix.
Le lendemain, l’équipe du film se rend au point de rencontre de la visite guidée réservée, s’approchant ainsi de la centrale, à seulement 13 km de là. Les agriculteurs y cultivent déjà de nouveau leurs terres. Les matières solides contaminées à la surface ont été labourées… Quatre kilomètres plus loin, bon nombre de routes et de bâtiments ont « déjà » été débarrassés de leur contamination radioactive. De plus, un système de mesure à mailles serrées équipé de sondes a été installé. La valeur actuelle affichée s’élève à 0,4 μSv/h : 10 fois plus qu’avant la catastrophe. À proximité des ruines environnantes, le modèle DolMo affiche 3 μSv/h : la curiosité de l’équipe de tournage laisse peu à peu place à un sentiment d’anxiété.
La véritable visite dans la zone à accès restreint commence ensuite. En plus de l’équipe du film et du guide, des touristes originaires d’Allemagne et des Pays-Bas sont aussi présents. Premier arrêt : une bande côtière anéantie par le tsunami. Les touristes peuvent voir les ruines d’un village depuis une tour d’observation. Les ouvriers du secteur de la construction ont installé des barrières de protection contre les tsunamis, afin d’éviter toute récurrence de la catastrophe. Sur le site d’un ancien établissement scolaire, les visiteurs peuvent deviner les traces de vagues au niveau des étages supérieurs. Étudiants et professeurs ont réussi à se sauver en fuyant sur une colline dans les 15 minutes suivant l’alerte tsunami.
La visite guidée continue. Le long des rues sont empilés de grands sacs noirs, contenant plus de 16 millions de tonnes de sols et de débris contaminés, qui doivent être stockés là pour les 30 prochaines années. La suite des événements n’a pas encore été définie… 30 années correspondent à une demi-vie du césium 137. En 2041, la moitié de l’activité existant initialement subsistera. En médecine nucléaire, les nucléides radioactifs sont généralement stockés pendant 8 à 10 demi-vies avant d’être mis au rebut.
Poursuite de la visite guidée. En quittant la route principale, l’équipe réalise rapidement que les opérations de décontamination se limitent souvent aux autoroutes majeures. Sur ces routes secondaires, le débit de dose mesuré augmente vite. À 6,3 μSv/h, le guide touristique fait demi-tour. Grâce à une autorisation spéciale, nous poursuivons dans la zone à accès restreint : à 4,2 km de la centrale, les travaux de décontamination ne font que commencer. La poussière est omniprésente dans l’air. Le DolMo affiche 7,78 μSv/h. À présent, l’équipe du film et les touristes ne se trouvent qu’à 3,8 km de la centrale. Le temps est suspendu et l’état des bâtiments est le reflet de la triple catastrophe.
Soudain, alors qu’il n’y a plus que 2 km à parcourir, apparaît la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, du moins ce qu’il en reste. Après un ou deux clichés et quelques coups d’œil jetés au DolMo (5,8 μSv/h), les touristes et l’équipe de tournage quittent ce lieu irréel… De retour à l’hôtel, les membres abandonnent leurs vêtements, selon les recommandations, et avec eux, toute contamination éventuelle.
Alors que le vol de retour vers Munich approche, le compteur Geiger collecte une dose supplémentaire de 48 μSv. Par conséquent, la dose totale de l’équipe Galileo s’élève à 92,9 μSv, avec uniquement une dose modeste de 8,5 μSv due au séjour de 2 jours à la préfecture de Fukushima et à la zone restreinte.
Même 8 ans après, les effets de la catastrophe dans la préfecture et aux alentours la préfecture de Fukushima sont omniprésents. Pour les journalistes, étudiants et les chercheurs, une expédition est certainement constructive et, au vu du débit de dose prévu, peut être considérée comme inoffensive. En tant que pur touriste de la catastrophe, l’expérience ne pourra que vous laisser un goût amer. Mais simple visiteur, vous rentrez chez vous après vos vacances… Les individus vivant dans la zone réglementée n’ont pas eu cette possibilité…
Voir l’épisode complet Galileo : YouTube (en allemand uniquement)
Images : Tous les droits à ProSiebenSat.1 Media SE
Produit : CompteurGeiger-Mueller DolMo
D’après les conclusions suite à la catastrophe du réacteur à Fukushima, les recommandations de la Commission allemande en charge de la radioprotection pour la construction et le fonctionnement des centres d’urgence après un accident ont été révisées. Différents états fédéraux allemands, tels que les lands du Bade-Wurtemberg et du Schleswig-Holstein les ont déjà mis en œuvre.